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La céramique tunisienne

I – Les carreaux de revêtement

a) Origine :

Les carreaux de revêtement se trouvent généralement dans les palais et demeures bourgeoises, et font partie intégrante du décor architectural des maisons.

L’utilisation de mosaïque (zellige) en Tunisie  remonte à la période Hafside, soit à partir du XIVe siècle. Au XVe siècle, l’immigration andalouse en Tunisie a permis l’éclosion du style andalou introduit par Sidi Qacem El Jelizi, fondateur du zellige à décor animé. En revanche, la céramique anatolienne n’a été introduite qu’au XVIIe siècle.

Au XVIIe siècle, la plupart des demeures et palais tunisiens recevaient un revêtement de carreau de faïence. D’ailleurs, Tunis détenait jusqu’au XIXe siècle la première place dans la fabrication de la céramique à émaux. La renommée des ateliers tunisois groupés dans le quartier des Kallaline allait au-delà des frontières du pays car de nombreuses commandes émanaient d’Algérie, d’Égypte, de Libye t même des États-Unis pour décorer les hôtels et autres demeures de luxes.

En dépit de ce prestige, tout au long du siècle dernier, la Tunisie ne put résister à la forte concurrence européenne, ce qui entraîna la fermeture des ateliers. 

b) Décors et influence :

Le répertoire décoratif andalou, turc, persan, voire européen a servi de modèles aux céramistes tunisiens et c’est dans les motifs géométriques et floraux que les artisans de Kallaline puisèrent leur inspiration. Néanmoins, dès le départ, la céramique de Tunis développe un style qui lui est propre, avec un caractère provincial qui lui assure charme et originalité. Les maîtres artisans de Tunis n’ont cependant pas toujours maîtrisé les secrets de fabrication de leurs homologues andalous et anatoliens. Ils n’obtenaient quasiment pas les demi-tons et l’impureté de l’argile ne réagissait pas aux couvertes et aux oxydes de la même manière que l’argile de Nicée.

L’essentiel de la production tunisienne utilisera la ligne courbe et le motif floral. Deux types de décors reviennent régulièrement : la mosquée et le bouquet floral, dont la spécificité est de mettre en avant la symétrie de la composition.

La stylisation du bouquet floral rappelle en beaucoup de points celle des Ottomans, avec toutefois une touche personnelle de créativité de la part de l’artisan tunisien. Quant aux mosquées, elles sont très schématisées et s’intègrent dans un paysage de cyprès qui renforce la composition verticale du décor. Mais c’est le décor du vase à fleurs, genre sans précédent dans la céramique tunisienne, qui va prédominer au point que beaucoup d’historiens de l’art le considèrent comme typiquement tunisien. 

II – La poterie de Nabeul :

C’est sans doute au XVIe siècle que l’art du feu fut remis à l’honneur à Nabeul grâce à l’entreprise de potiers djerbiens venus de Guellala, la cité des potiers. Leur installation à Nabeul s’explique en raison de la présence d’anciennes carrières d’argile mais aussi en raison de la qualité des terres. Les modèles utilisés étaient tous utilitaires : jarres, plats … et identiques à celles de Guellala à Djerba. Toutefois, on note une certaine analogie entre les poteries de Nabeul et des récipients antiques retrouvés dans les ruines.  

 

 

Amel Ferhat,
Historienne de l’art

 

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Author: leclubdelart

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